L'homme se réveilla, soudain conscient d'une présence.
Nageant doucement dans les limbes quelques secondes auparavant, il
avait maintenant tous ses sens en alerte.
L'ennemi héréditaire était là. Quelque part, tapi dans l'ombre, le
vicieux geaugeait sa proie, évaluant la meilleure approche pour porter
son coup.
La lutte s'anonçait rude pour l'homme dont les yeux étaient encore gonflés par le sommeil. L'ennemi ne semblait pas pressé, passant d'une zone d'ombre à l'autre, insaisissable. Il fallait attendre patiemment, même si le sommeil tendait des bras accueillant.
La bête sortit soudain de l'ombre, tentant une approche par les
airs. « Bien tenté ! » se dit l'homme qui aperçu le
danger juste à temps et repoussa l'assaut d'une droite qui, bien que
manquant sa cible, découragea l'adversaire.
Il s'ensuivit une longue période d'attente. La bête se sachant
découverte n'osait plus se montrer, mais des mouvements furtifs dans
l'ombre indiquait qu'elle ne renonçerait pas à sa proie cette
nuit. « De toutes façons, elles ne renoncent jamais », pensa
l'homme, conscient qu'il n'y avait qu'une issue possible : la
mort.
Pressé d'en finir, il employa la ruse. Faisant mine de se rendormir, il s'allongea presque totalement, la tête légèrement relevée pour pouvoir surveiller les alentours. Il força sa respiration à reprendre un rythme régulier et attendit...
Le monstre n'avait apparemment pas beaucoup d'expérience. Il glissa hors de l'ombre sans se presser, se colla contre les parois et approcha lentement, se pourléchant d'avance les mandibules à l'idée de prélever sa dime sur le genre humain. L'attaque fut rapide et sans appel. L'homme fut sur ses pieds en un éclair. L'intrus n'avait pas encore pris conscience du changement dans la position des sources de chaleur qui l'entouraient qu'un coup sec porté avec le plat de la main l'envoya au tapis. Le coup de grâce fut donné par un talon rageur.
Encore une fois, le moustique était mort.